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USINE DE TANIN DE PRUNO (1885-1914)

HISTORIQUE SUR L'USINE DE TANIN DE PRUNO (1885-1914)

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HISTORIQUE SUR L'USINE DE TANIN DE PRUNO (1885-1914)

Commune de Pruno, département de Haute-Corse, usine d’acide gallique (1885-1914).

Localisation :

- Carte IGN 1/25 000e, Vescovato 4349 OT.

- Lieu-dit : Campo-Piano.

Historique :

Le premier atelier de Scata était installé au lieu dit Pentaceca, commune de Scata au début des années 1870 par la “Société d’Angelis et Compagnie”, dont le frère Hyppolite était maire de Bastia.

En février 1882, M. Pierre-Paul d’Angelis s’associe avec les frères Gallien, industriels des cuirs et peaux à Longjumeau (Seine et Oise). Ces derniers apportent un capital de 30 000 F et les procédés de fabrication connus d’eux. M. d’Angelis apporte son usine et les terrains qu’il possède sur le bord du Fium’Alto pour une valeur de 32 500 F. Le capital de la nouvelle société en commandite simple est de 65 000 F. Une nouvelle usine est établie au lieu-dit Campo Piano entre 1882 et 1886. Ils prévoient une production de 5 tonnes par jour. 

Le 10 avril 1892, MM. Ramelli Louis et Cresson Dominique, notables bastiais, enregistrent la société anonyme des usines de Champlan à Bastia devant maître Bartoli. L’acte de la “Société de Champlan” indique que le siège social se trouve à Bastia, dans les magasins généraux sur le port, et que le principal établissement est à Campo Piano, commune de Pruno. En 1892, les gérants créent une société anonyme au capital de 100 000 F, divisé en 20 actions de 5 000 F. Sur les 8 actionnaires, quatre sont corses et détiennent 40 % du capital. 

En 1893, l’assemblée générale de la société de Champlan décide de porter le capital de la société à 190 000 F. Ce qui doit permettre de développer l’activité avec l’installation de nouveaux appareils. L’entreprise installe à partir de 1908 une autre structure à l’embouchure du Fium’Alto, à proximité du nouveau chemin de fer. Cette nouvelle unité bénéficie ainsi d’une zone d’approvisionnement plus large et de frais de transport vers Bastia réduits. L’ingénieur Texier dirige l’usine au début du siècle. 

La société prend de l’ampleur chaque année, avec un capital de 800 000 F en 1906. Mais la rentabilité de l’usine de Pruno est remise en cause, et le conseil d’administration décide sa fermeture en 1914, avec la chute de la demande causée par le début de la grande guerre. 

Description:

L’usine de Pruno, située sur la route du Fium’Alto, est bien conservée, occupée actuellement par la poterie du Fium’Alto. Le bâtiment de l’usine est perpendiculaire à la rivière, l’ouverture principale est à l’Est, en face du chantier de matière première. Des cuves à tanin en maçonnerie sont encore en place. On rencontre également dans un coin de l’atelier principal la turbine (fin 19e ou début 20e siècle), il s’agit d’un appareil de la société “Teisset - Rose- Brault” ingénieurs constructeurs à Paris-Poissy-Chartres.

Dans le prolongement au sud, on trouve la salle des fours, des chaudières et la cheminée. Le canal d’amenée de l’eau (plus d’un mètre de large et un mètre cinquante centimètres de profondeur) s’étend sur plusieurs centaines de mètres, il passe au sud de l’usine, et la contourne sur le sud, jusqu’à la cage d’eau permettant de réguler le débit.

Quelques logements pour le personnel sont encore utilisés aujourd’hui comme habitation à l’Ouest du bâtiment de production. On trouve également le long du Fium’Alto, au Nord du chantier un bâtiment rectangulaire qui devait servir de dépendances pour l’entretien de l’usine. 

Le matériel de l’usine est enlevé entre 1926 et 1933.

- Série de cinq autoclaves installés en 1910 pour remplacer les anciens (marmites autoclave : cuves cylindriques verticales d’une capacité de 8 m3 de marque Bonnet et Spazin à Lyon).

- Cuve en maçonnerie pour emmagasiner la production avant son transfert dans les tonneaux.

- Turbine de marque “Teisset - Rose- Brault” ingénieurs constructeurs à Paris-Poissy-Chartres.

- Deux découpeuses à bois pour débiter les bûches de châtaignier.

- 5 machines à vapeur et leurs chaudières de la fin du 19ème siècle plus une neuve achetée à Vidal Paris, ces chaudières tubulaires sont des cylindres horizontaux à foyer extérieur, à usage motrice et calorique. 

Usine de tanin de Folelli Commune de Penta-di-Casinca, département de Haute-Corse, usine d’acide gallique (1885-1956).

Localisation :

- Carte IGN 1/25 000e, Vescovato 4349 OT.

Historique :

La société de Champlan est créée en 1892 par les frères Galien, industriels, et des notables bastiais. En 1893, l’assemblée générale de la société de Champlan décide d’augmenter le capital de 190 000 francs. Ce qui doit permettre de développer l’activité avec l’installation de nouveaux appareils à Pruno et d’installer une nouvelle usine à Folelli, à proximité du chemin de fer.

Dans les dernières années du 19ème siècle, la société de Champlan fait l’acquisition de terrains à Folelli, au lieu-dit « Chiappatello » , pour installer « ... une fabrique de produits chimiques, un atelier de menuiserie, un laboratoire, une tonnellerie mécanique, etc... ». Cette nouvelle unité bénéficie ainsi d’une zone d’approvisionnement plus large que celle de Campo Piano, et de frais de transport vers Bastia réduits. Le directeur de cette nouvelle unité est l’ingénieur civil Lucien Limiter. De nouveaux investissements sont décidés à Folelli en 1905 avec l’installation d’une tonnellerie pouvant produire de 20 à 25 000 fûts par an. Entre 1914 et 1920 de nouveaux investissements permettent la construction de dépendances. La société prend de l’ampleur chaque année, avec un capital porté à 800 000 francs en 1906. On retrouve dans le conseil d’administration plusieurs corses, dont Vittini Antoine, propriétaire à La Porta, déjà actionnaire en 1892, mais aussi Damei et Emanuelli, notables bastiais. En 1914, la société de Champlan a intégré l’usine de Barchetta et possède un capital d’un million et demi de francs.

En 1922, la société de Champlan vend l’usine de Folelli à la “Compagnie française d’extraits tinctoriaux et tannants du Havre”, société anonyme dont le siège social se trouve au Havre. Cette importante entreprise possède un capital de 15 millions de francs, à partir de 1930 elle reprend les sociétés concurrentes Coèz, Jules Siegrfried fils et Cie, Dubosc frères, Oesinger et Cie. Puis en 1932 les sociétés Alp. Huillard et Cie de Suresnes, Loutrel et Champy de Croisset-les-Rouen et Meissonnier de Saint-Denis sont également intégrées. A cette dernière date la Compagnie Française des Extraits Tinctoriaux et Tannants du Havre affiche un capital de 25 millions de francs. Plus importante société nationale sur ce type de production, le conseil d’administration souhaite s’implanter en Italie et prend donc position en Corse avec l’usine de Folelli. Puis la société Champlan, frappée par la crise, cherche des alliances. En 1935, elle est menacée de liquidation et conclue une fusion avec la Compagnie du Havre pour créer la “Société des usines de Champlan et de Folelli”, disposant d’un capital de 4 millions de francs. Dans l’entre-deux-guerres, années des plus fortes productions les usines de tanins corses produisaient pour l’exportation jusqu’à 25 000 tonnes d’acide gallique, dont une grande partie pour l’étranger.

Au début des années 1950, la société de Champlan et Folelli devient la « Société de cellulose et des tanins corses », filiale de la société des tanins Rey, disposant des usines de Barchetta, Folelli et Ponte-Leccia. La fermeture de Folelli intervient en 1956, Barchetta et Ponte-Leccia en 1963.

Ces établissements avaient durement subit la concurrence internationale de l’Argentine et de l’Afrique du Sud, qui exploitent des produits à plus grande teneur tannique que le châtaignier (quelbracho, et mimosa). D’autre part, la société mère, avait décidé de développer une production de tanin chimique, plus rentable et plus concurrentielle, et de se placer sur un nouveau marché, le polyrey.

Description:

 

Image champlan

L’usine de Folelli est encore en place sur le bord du Fiumalto, le long de la route nationale 198. La partie ancienne de l’usine se compose d’un grand bâtiment de production et d’une barre d’atelier le long du Fiumalto. Ces constructions sont en schiste, liant et enduit à la chaux, faux chaînage d’angle en brique rouge et couverture en tuile creuse sur charpente en bois. Le bâtiment de production se divise en trois parties : une structure centrale sur trois niveaux et deux ailes perpendiculaires sur deux niveaux. Dans l’entre-deux-guerres des dépendances viennent s’ajouter, composés d’une structure métallique avec des plaques de ciment et une couverture en tôle.

Au début du 20ème siècle l’usine est équipée d’une série de cinq autoclaves et quatre appareils à vapeur d’une puissance de 4 à 75 chevaux, en 1924 l’usine dispose de deux nouveaux autoclaves.

Usine de Barchetta Communes de Volpajola, département de Haute-Corse, usine d’acide gallique, scierie et usine à papier (1899-1963). Localisation :

- Carte IGN 1/25 000e, Vescovato , 4349 OT.

- Lieu-dit : Barchetta

Historique :

Entre 1899 et 1907 la “Société corse pour le traitement des bois”, administrée par Chardon, ancien président de la société de Champlan, construit une usine à bois et des dépendances à Barchetta.

Après 1910, la société de Champlan, au capital de 1500000 francs, déjà propriétaire des usines de Campo Piano et de Folelli, intègre l’établissement de Barchetta.

L’assemblée générale de la société du 13 juillet 1913 décide la construction, à côté de l’usine une fabrique de pâte à papier, sur un terrain très approprié pour installer une machine motrice hydraulique. La dépense prévue s’élève à 300000 francs pour une production quotidienne de 2500 kilogrammes de pâte sèche d’une valeur de 750 F, ce qui correspond à une vente annuelle de 225 000 francs de produit fabriqué. Pour réaliser ce projet la société augmente son capital de 1 200 000 francs à 1 500 000 francs. Dans la réalité, le bâtiment servira surtout pour la production d’énergie avec l’installation en 1914 d’une turbine de fabrication allemande. Texier devient l’administrateur de la société. L’entreprise possède également les magasins généraux sur le port de Bastia, où était installée une tonnellerie mécanique qui fonctionnera jusqu’en 1935.

Avec la crise des années 1930 la société Champlan cherche des alliances. En 1935, l’entreprise est menacée de liquidation, elle conclue une fusion avec la Compagnie du Havre pour créer la “Société des Usines de Champlan et de Folelli”, avec un capital de 4 000 000 de francs. Cette société filiale met en activité les établissements de Folelli et de Barchetta. Dans l’entre-deux-guerres, années des plus fortes productions les usines de tanins corses produisaient pour l’exportation jusqu’à 25 000 tonnes d’acide gallique, dont une grande partie pour l’étranger. L’année suivante l’usine de Barchetta arrête définitivement sa production de tanin.

A partir de la reprise de l’activité en 1945, l’unité sert uniquement à la production de parquet en châtaignier. Au début des années 1950, la société de Champlan et Folelli devient la “Société de cellulose et des tanins corse”, filiale de la société des tanins Rey, avec ses usines à Barchetta, Folelli et Ponte-Leccia.

La fermeture de Folelli intervient en 1956, les deux autres en 1963. Ces établissements avaient durement subit la concurrence internationale de l’Argentine et de l’Afrique du Sud, qui exploitent des produits à plus grande teneur tannique que le châtaignier (quelbracho, et mimosa). D’autre part, la société mère, avait décidé de développer une production de tanin chimique, plus rentable et plus concurrentielle, et de se placer sur un nouveau marché, le polyrey.

Description:

 

Image champlan

Le site de Barchetta renferme trois unités de production : la scierie, l’usine à tanin et l’usine à papier. Le premier bâtiment servait initialement d’atelier d’entretien, puis de scierie après 1945, il est restauré depuis 1999 pour servir d’atelier de lavage des bouteilles par les industriels repreneurs du site. Le bâtiment du centre, le premier installé sur le site a été détruit en 1999, car il gênait la nouvelle activité. La dernière structure, sur le bord du Golo, construite en 1914 pour produire de la pâte à papier, conserve la turbine et l’alternateur qui servait à l’éclairage et à alimenter des machines de production. La cheminée en brique rouge, le plus bel exemple industriel de l’île, est restaurée depuis 1999.

La turbine et l’alternateur, d’origine allemande, ont été achetés en 1914. Il s’agit d’une turbine verticale qui entraînait l’alternateur, situé dans la pièce au-dessus à l’aide d’une courroie. Il s’agit de l’une des premières usines hydroélectriques de Corse. Deux raboteuses servaient à réduire le bois en copeaux, une série de six autoclaves en fer permettaient d’assurer la production de tanin. Une autre série de trois autoclaves en acier servait à purifier le produit. Après la seconde guerre mondiale on installe une importante scierie sur le site avec plusieurs machines et scies circulaires.

( Merci à Pierre-Jean Campothiers.)